Témoignage de Raphaëlle Segond, vice-présidente du CROA PACA.

Le corps des architectes voyers existe depuis 1230.

A l’époque, ils donnent l’autorisation des usages du domaine public, détiennent le monopole de l’ouverture ou la fermeture des voies et places, contrôlent les alignements et les hauteurs, les saillies, définissent la domanialité publique et dès 1530, imposent la réalisation de latrines et le renfort des mitoyens pour recevoir les poutres des planchers des habitations. Le roi les impose dans les grandes villes, Marseille, Lyon, Bordeaux. En 1830, ils s’occupent de la nouvelle enceinte et de ses portes, interdisent aux faubourgs de dépasser le R+1….

On peut dire qu’ils sont garants du commun et de la cohésion du paysage urbain depuis . Et pourtant, en 10 ans leur effectif a diminué de moitié (ils ne sont plus que 56) alors qu’ils sont les mieux placés pour accompagner les enjeux d’aujourd’hui : la nouvelle échelle de la ville (le grand Paris) et les enjeux environnementaux qui redéfinissent les limites et les domaines de ce qui est commun et vital.

Mon intervention a proposé un parallèle entre le corps des architectes voyers de Paris et celui des architectes conseil du CAUE 13 qui couvrent le territoire de la métropole. Invoquant l’opportunité de faire réseau et renforcer la cohérence de l’intervention des architectes conseils sur le paysage métropolitain.

J’ai terminé sur le drame de la rue d’Aubagne pour montrer combien il était utile de missionner des architectes conseil pour la restructuration des îlots touchés pour garantir la cohésion et l’extension nécessaire du « commun » dans ces îlots : les mitoyens et la structure en général, l’ouverture des coeurs d’îlots, le confort d’usage, le confort thermique à penser à l’échelle de l’îlot. Il nous faudrait recréer le corps des architectes voyers à Marseille. Et ce pourrait être une de vos revendications à l’occasion des municipales.Les architectes voyers ont déploré l’absence de réseau et de soutien des architectes en général. Je leur ai rappelé que l’Ordre des architectes était notre plus petit dénominateur commun, leur ai proposé de renforcer nos réseaux respectifs et les ai invités à organiser leurs prochaines assises à Marseille.

L’un des intervenants a rappelé que nous devions construire des filières d’excellence qui nous permette de retrouver la place qui était la nôtre avant l’éclatement de l’école des Beaux Arts, alors considérée comme une grande école, potentiellement pourvoyeuse de hauts fonctionnaires en plusieurs unités d’enseignement régionales sans envergure. Cet architecte a proposé qu’on investisse les filières doctorales dans ce sens. D’autres voyers en chef dans les grands ZAC parisiennes ont souligné le désarroi des maîtrises d’ouvrage face à la multiplication des compétences dans les équipes de maîtrise d’oeuvre provoquant des pertes de qualité et de temps.

Tous étaient d’accord sur le fait qu’on doit se rassembler, prendre des responsabilités pour définir le cadre de nos interventions au lieu de se le faire imposer.

Raphaëlle Segond

Lire l’article sur le site du Conseil national de l’Ordre des architectes

Partager sur les réseaux :